ILLUMINAIRES

«Pendant plus de trente ans j’ai exercé le métier de chorégraphe. Ce travail nécessite un regard particulier sur le mouvement, le jeu des formes dans l’espace. Ce qui m’intéresse dans la création de ces lampes en bois flottés est sans doute un prolongement de ce métier. Dans ces Illuminaires, c’est la même attention au mouvement qui me guide et que je développe. Il est ici figé mais contient encore la vie, des élans, des jeux de formes dynamiques. Par ailleurs, j’ai aussi le goût de mettre en avant les secrets qui habitent chaque détail, chaque repli de ces bois trouvés en pleine nature. Et la lumière qui a accompagné mon travail de spectacle vient ici redessiner les formes créées.
Il s’agit pour moi de redonner une vie, recomposer des paysages avec ces morceaux d’arbres que je trouve. J’accueille ce que l’eau, le soleil, le vent et la pluie, dans un temps parfois extrêmement long, ont déjà transformé, pour en faire ces sculptures-lampes.

La recherche de ces bois est l’occasion d’expéditions contemplatives le long des rives et rivages. Dans ces moments particuliers mon regard scrute courbes, entrelacement, expressions, formes et matières qui habitent ces fragments d’arbres. Je suis attentif à tous ces détails que la nature nous offre et qui sont à mes yeux exceptionnels.
J’ai toujours été très sensible aux grains du sable, aux lichens sur les rochers, au dessin des galets… Les formes, la texture des choses de la nature et les couleurs du temps me réjouissent.

Souvent, au retour des ces quêtes, les promeneurs me demandent pourquoi cette collecte ? Est-ce pour le feu ?
Je souris en pensant que c’est pour y remettre la lumière, sans doute celle qui est à l’origine de la vie, qui a fait pousser ces arbres et leur redonnera un éclairage nouveau…

Bien sur le spectacle vivant, la sculpture du travail des corps, la lumière qui met en valeur le mouvement des danseurs, sont inscrits dans mon expérience. Mais j’aime aussi le travail très concret de la matière, les outils et le savoir-faire de l’artisan. Ce travail se situe donc à mi-chemin entre un artisanat, un travail de sculpteur et un regard d’éclairagiste. C’est celui d’un amoureux de la nature et des trésors qu’elle recèle que je tente de remettre en valeur, en lumière… »

Jean Christophe Bleton